Temple d’Ishnar
(…) Barbara Schroeder profile par le sensible ordinaire réinterprété du rebut, une parabole esthétique d’un « habitat-fait-monde » entre intérieur et extérieur, de la circularité et de son infinité. Polysémique, cette oeuvre se situe dans cette zone abondante de métamorphose permanente – entre l’assimilation, la digestion et la production – qui restitue à la bouse un caractère extra-ordinaire perpétuel. Conférant ainsi aux maux de nos sociétés de l’accumulation et du déchet, une autre lisibilité étonnante : leurs prodigieuses et évidentes valorisations. Elle pose par ces objets de curiosités une pratique artistique où la gestion des ressources et les stratégies d’adaptation de l’humain sur son territoire est une symbiose technique et esthétique avec le cycle de la vie et du vivant. En cherchant à tisser ce qui nous survient et ce qui nous survit, elle reprend ainsi l’économie et l’écologie, toutes deux fondées sur l’oikos (la maison) entre connaissance et administré pour bâtir une logique qui lie l’humain et son environnement dans une étonnante complicité.
Barbara Schroeder par cette oeuvre réhabilite cette matière non noble pour la placer dans toute sa noblesse : le berceau de la matière première issue de la vie et de son lien perdu dans nos modes de vie. Faire avec les cycles du vivant pour fertiliser nos espaces de vie et nos sociétés. Évoluer dans une franche humilité d’un équilibre de la symbiose et du symbiotique comme modèle d’éco-conception architectural de la vie. Et où le rôle de l’incarné et de l’olfactif permet de traverser la richesse qui compose l’expérience de la nature et d’abriter les derniers souffles de la vie. Plus poétique que politique, son oeuvre « Misterien » suspend le temps et impose une profondeur qui ouvre l’espace en rendant visible ce qui était caché sous nos pieds : le patrimoine vivant de l’humanité. »
Caroline Corbal Albessard
Docteure & Artiste-chercheure,
Membre associée du laboratoire de recherche MICA