A l’angle de la terre
Les découvertes de la forêt calcinée à Knysna ont été le point de départ de nouvelles expérimentations que j’entreprends avec les scientifiques, Professor Lynne Boddy, de la Cardiff School of Biosciences, Dr Mark Fricker, Professor in Plant Sciences à Oxford, et Anne A. Madden, Ph.D. de Harvard University, sur la mise en forme du mycélium pour rendre tactile ce réseau enfoui sous terre et présent dans les profondeur du bois en décomposition. Ces temps d’échanges sont des temps d’expérimentations partagées. Cet engagement dans l’expérimentation est sous-tendu par la mise en jeu du mycélium, donc du vivant, comme matériau et outil. Un mode de connaissance qui s’éprouve pour chacun à travers le processus rendu visible et qui vient interroger la façon dont le vivant, et les formes qu’il prend, se modifie au fil de l’expérience.
Veloutina (nom botanique Phanerochaete velutina), est la première réalisation à partir de ces échanges.
L’élaboration de la peinture s’appuie sur les documents consacrés au « mucor fragilis » fournis par Mark Fricker, chercheur au Department of Plant Sciences, University of Oxford.
Ursuline
Au prolongement de mon travail sur les interconnections des individus, j’étudié comment les champignons se comportent en cohabitation. Anne Arnold Madden, Ph.D. biologiste américaine qui propose de trouver des « solutions microbiennes aux problèmes humains » est fondatrice de The Microbe Institute, une ressource interdisciplinaire pour la découverte microbienne axée sur l’éducation, l’art et la découverte. Elle m’a fournie plusieurs images du Fungi «Kretzschmaria deusta/ Ustuline brûlée» qui se développe sur des bois pourris à la base des troncs, des souches et des racines. Sa particularité consiste à créer des barrières entre les individus d’une même espèce.
Le champignon pour se respecter, ou devrait-on dire se protéger, construit un mur entre lui et son voisin. Ce constat étonnant va m’emmener sur de nouvelles pistes aussi passionnantes qui vont aboutir à une collaboration avec l’INRAE Bordeaux.
Hypha
J’ai été marquée par le Merzbau de Kurt Schwitters, et de son concept de sculpture évolutive, inachevée et hélas aujourd’hui disparue. Avec la peinture Hypha, je convoque cette même idée d’accumulation par la prolifération dans l’espace d’une boîte de pétri. Le mycélium y est invité à un parcours d’obstacle pour éviter l’étouffement avant de réussir à franchir les barrières et poursuivre son développement.