Fleurs sans lieu
Fleurs prélevées au cimetière de la chartreuse à Bordeaux. Je découvre un métier inattendu, celui des «Gazonnières». Il remonte à la grande guerre quand les veuves de guerre proposaient leur service pour l’entretien des tombes des soldats tombés pour la patrie.
Le savoir-faire de prendre soin des sépultures se transmet de mère en fille. Comment brosser les pierres, lessiver les plaques, arracher les mauvaises herbes. Je rencontre Valentine qui a légué ses 532 clients à sa fille, Fabienne. Ce sont plus que des clients. C’est une famille.
Pendant 3 mois, Fabienne et Valentine récupèrent des fleurs en tissus et des fleurs en céramique dans les bennes à ordures du cimetière que je vais pouvoir mettre dans un nouveau contexte.
Détournées de leur usage et rapportées dans mon champ d’expérimentation, ces fleurs abîmées, cassées, déchirées sont appelés à être ressuscitées au cours de mes installations. Traces anonymes de chagrins et de souvenirs, je les remets en état, je les revitalise, je les ranime. Je les réveille.
Procéder à des changements de couleur, plus vives, plus joyeuses, des changements de lumière, pour déplacer le ressentiment